Les inondations de La Mecque

Les inondations de La Mecque

Le climat et la géographie de La Mecque sont la cause d’inondations très importantes, rares mais régulières (au moins centennales)
Ces inondations, accompagnées parfois de coulées de boue, peuvent se révéler dévastatrices pour les bâtiments – elles ont d’ailleurs détruit la Kaaba en 1630 ; seuls les moyens modernes mis en oeuvre par les Saoudiens ont, jusqu’à présent, préservé la ville d’une nouvelle catastrophe
Malgré ce que raconte la tradition musulmane, il semble donc inimaginable qu’une ville ait pu être fondée dans un tel site depuis la plus haute Antiquité, et encore plus inimaginable de concevoir qu’elle ait pu y perdurer et y prospérer

La ville de La Mecque est située dans un endroit fort inconvenant… Au delà du climat, ou de sa situation à l’écart des itinéraires caravaniers traditionnels, elle est en fait sise au pied d’un ensemble  de collines, qui définissent une sorte de cirque. Dans les pentes des collines se situent les différents quartiers de la ville haute, et la ville basse se trouve à leurs pieds, entourée de reliefs montagneux assez abrupts. C’est dans cette ville basse que se trouve le masjid al-haram, la grande mosquée sacrée, comme le figurent le dessin et les photos ci-dessous :

Le climat de La Mecque a beau être désertique (« subtropical désertique », selon la nomenclature des climatologues), la pluie peut cependant survenir, en tempêtes, de façon très brutale et intense. La configuration du site fait alors ruisseler l’eau depuis les collines jusqu’à la ville basse, s’ajoutant aux crues des wadi Ibrahim et wadi Ajiad, et pouvant provoquer des inondations, voire des coulées de boue catastrophiques. Les Saoudiens ont eu beau chercher à traiter le problème au XXe siècle, en faisant construire un système d’égouts et d’immenses réservoirs souterrains[1], des inondations se produisent encore régulièrement à La Mecque, certaines touchant même encore le haram (l’esplanade entourant la Kaaba).

On peut ainsi imaginer quel a pu être le pouvoir de destruction de ces inondations par le passé, avant que ne soient construites les différentes installations et réservoirs de sécurisation du site et de régulation des eaux. Voici par exemple une série de photos de la grande inondation de 1941.

De fait, la situation climatique et géologique de La Mecque n’a pas changé depuis l’Antiquité. Les inondations et coulées de boue ont ainsi régulièrement ravagé le site depuis des milliers d’années. Elles n’ont donc cessé de ravager aussi la ville depuis sa construction. Les chroniques historiques nous renseignent ainsi sur les destructions régulières des bâtiments, la disparition de caravanes entières de pèlerins dans des coulées de boue et autres cataclysmes. Une catastrophe des plus notables fut la destruction de la Kaaba en 1630. Le sultan ottoman Mourad IV la fit reconstruire en 1630-1631, solidement, avec les murs épais que l’on voit toujours aujourd’hui sous le voile noir, afin de résister aux inondations (cf. photos ci-dessous). Pour ce faire, il fit creuser le sol sous la Kaaba jusqu’au roc, pour la doter de fondations solides[2]. Ainsi, rien dans la Kaaba actuelle, pas même les fondations, ne date donc d’avant le XVIIe siècle.

Ci dessous : la kaaba sans son voile noir (kiswa), comme elle est depuis 1631
(à droite : tempête pendant le hajj 2018, qui a soulevé le kiswa)

La répétition constante dans l’histoire de ces inondations destructrices ne peut qu’interloquer toute personne raisonnable : comment donc imaginer que l’on aurait pu fonder, dans les temps anciens, une ville dans un site constamment ravagé, où tout est régulièrement détruit, où nombre d’habitants périssent dans les coulées de boue et où il faut régulièrement tout reconstruire ? Comment imaginer qu’une telle ville ait pu perdurer dans les temps anciens, sans les moyens apportés par l’empire islamique, et plus encore sans les moyens modernes grâce auxquels les Saoudiens arrivent peu ou prou à contrôler le niveau des inondations ? Bref, comment imaginer sérieusement que le site actuel de La Mecque ait pu abriter la ville ancienne décrite par la tradition islamique ?

Reproduction encouragée avec mention de la source : http://jesusoumohamed.com


[1] Réservoirs qui servent également au stockage des immenses réserves d’eau nécessaires à la subsistance du nombre exponentiel des habitants de La Mecque (environ 60 000 habitants en 1924, lors de la prise de la ville par les Saoudiens, pour plus d’1,5 million aujourd’hui). On a ainsi construit des réservoirs d’eau plus ou moins potable depuis le Moyen-Age.
Aujourd’hui, le risque d’une inondation est rendu encore plus catastrophique [lien de secours] par les travaux titanesques d’agrandissement des capacités de La Mecque, qui ont conduit à bétonner toute la ville basse. Le programme de construction se poursuit toujours (on en trouve des indices sur le web, par exemple ici, ou ), mais il ne semble pas que ce risque majeur ait été traité.

[2] Selon l’historien égyptien Souheili (Histoire de La Mecque – Tarikhi Mekka), repris par l’historien J. de Hammer (Histoire de l’Empire Ottomantome 9, 1837 pour la traduction française, pp. 156 et 402) qui chronique le règne de Mourad IV. La reconstruction de la Kaaba à laquelle il a procédé serait la onzième, selon l’histoire islamique elle-même.

Auteur : Odon Lafontaine (Olaf)

Auteur du livre "Le grand secret de l'islam"

15 commentaires

  1. C’est Dieu qui donne Dieu qui prend et Dieu qui protège
    La kaaba est la maison de Dieu je ne sais pas d’où vous sortez vos salades mais avec l’aide de Dieu elle est et sera toujours protégée
    Comment imaginer ci ou ça vous parlez de choses que vous ne connaissez qu’à travers des sites bidons et vous répétez
    Faut voir les choses devant soit pour parler et avoir posé les pieds dans cet endroit, cette sensation unique et magique… Avec ton coeur tu sauras que c’est la vérité
    Je vous conseille de lire le coran et sa relation avec la science, les événements qui se sont passés même dans la religion chrétienne et leurs détails… ça ne peut pas venir d’un être humain
    C’est la parole divine d’Allah soubhanah
    Que Dieu vous guide un jour vers la vraie voie
    Amine

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    1. Bonjour,
      Le mot de Kaaba (qui n’apparait que 2 fois dans le texte coranique) ne désigne pas le temple construit sur le site de la Mecque mais le Temple de Jérusalem, la seule « maison du Dieu unique » que pouvaient concevoir les hommes à la fin du 6e – début du 7e siècle.
      Ce genre de « salades » vient de la lecture du texte coranique lui même, qui, si on le lit pour ce qui y est réellement écrit (et non pour ce que la tradition force à lire) propose une tout autre histoire que celle de la légende dorée des débuts de l’islam selon l’islam.

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      1. Votre quête de vouloir à tout prix dénigrer l’Islam ne va point aboutir. Vous avez fait une mauvaise lecture du Saint Coran qui, je vous le rappelle, reprend verbatim les propos d’Allah(Sub Hânau Wa Tâ lah). Jusqu’à l’extinction du soleil, vous ne parviendrez jamais à déceler une quelconque incohérence ou contradiction avec la Science dans aucun des versets coraniques. Puisque c’est un livre qui fait le récit symbolique du passé, du présent ainsi que du futur. Votre enthousiasme ainsi que celui de vos pairs vous poussent à croire qu’il y a des insuffisances dans ce sublime manuel. La Science et le Saint Coran ne peuvent point se contredire. Certes, il peut y arriver qu’un scientifique puisse se tromper dans ses recherches ou qu’un érudit puisse lui aussi trahir la quintessence de la traduction appropriée du Saint Coran sans s’en rendre compte. Toutes ces possibilités n’altèrent en rien la véracité des preuves irréfutables des versets coraniques car reposant sur des assises très solides. Les faits sont têtus et finissent toujours par s’imposer en dépit des résistances de ceux que leur mise en évidence agace,choque ou embarrasse. L’association entre le Saint Coran et la Science sera toujours harmonieuse,aucune discorde ne peut exister entre ces deux entités.

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  2. Bonjour,

    Suite à votre article, je me suis permis de récupérer une de vos photos de la Mecque sous les eaux. Cette photo m’a permis de conforter la théorie d’un ancien marécage et non d’un désert.
    Les changements climatiques ont entre-temps modifié le paysage de cette région, celle de Charmutha à l’époque des romains. Le désert d’aujourd’hui est récent et était avant une immense lagune avec des forêts et des maraîchages. Et le lieu de la Kaaba devait être sous les eaux, dans un marécage, ce qui contredit la théorie d’Agar et Ismael.

    https://nantt44.wordpress.com/2019/07/22/chapitre-x-betius-charmutha-le-cothone-de-charmutha/

    Bonne lecture. Bertrand.

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    1. Voilà une théorie pour le moins singulière. Nous n’en avions jamais entendu parler auparavant au sein de notre collectif, et nous ne voyons guère de recherches et publications en ce sens.
      Par ailleurs, les inondations figurées par les photos ne sont pas due à une quelconque nature marécageuse de la cuvette de La Mecque, mais au ruissellement des eaux de pluie depuis les collines environnantes. Ces inondations ne présument donc en rien de cette nature marécageuse que vous théorisez. Le climat de La Mecque était de toutes façons déjà décrit comme désertique par Jean de Damas (écrits datés de 749, mais sans doute modifiés plus tardivement).

      Quant à votre identification de Djeddah et La Mecque à des cités antiques, là encore, c’est le silence radio total dans le monde académique, lequel s’est pourtant longuement penché sur Diodore de Sicile. Silence radio total également du point de vue des vestiges que l’on devrait trouver dans ces sites s’ils correspondaient à ce que vous prétendez.

      Bref, tout cette histoire de marécages et de Charmutha semble bien peu vraisemblable.

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      1. Effectivement c’est une théorie singulière et inédite mais neuf chapitres avant construisent cette réflexion à partir de pièces toutes aussi inédites dont les cartes de Ptolémée… Quand à l’identification de Djeddha ou de la Mecque à des cités, la première s’appelait Thebe mais pour la deuxième, il n’y a aucune trace de son existence. Par contre, l’Acropole de Charmutha avait trois temples mais pas au niveau de la Kabba…

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  3. Un détail de la théorie du marécage m’ennuie. Il se trouve que le mot « charmutha » a un sens en arabe. Il signifie « prostituée ». Cela signifie qu’il y aurait eu des « marécages de la prostituée » dans ce coin.

    Trouver des marécages dans ce coin exigerait un retour à la fin de la dernière glaciation, à une époque où le Sahara était vert. Cela nous ramène vers 10 000 ans avant JC.

    Mis bout-à-bout, ces deux éléments me font donc supposer que les gens de l’époque avaient des prostituées et que le nom du marais associé a survécu. Mieux encore, il implique que les gens de l’époque parlaient arabe.

    Cette théorie est en accord total, à ma connaissance, avec la tradition musulmane. Si jamais elle est vraie, il devrait exister des traces de langue arabe dans le coin datant d’avant les Nabatéens. Il devrait également exister des fossiles de graines de plantes marécageuses dans le désert. Il faudrait également trouver des sédiments argileux très riches en matière organique sous la ville de La Mecque.

    Un tout dernier mot, je suis curieux de voir la carte de Ptolémée dont il est fait mention par nantlt44.

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  4. La kaaba est censé etre protegé par Dieu, l’inondation de1630 et1941 sont elles des montages? Dans le cas contraires , il ya la un grand probleme, sur le fondement de la foi

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  5. Bonjour,

    La Mecque n’a été habitée de façon continue que très tardivement. Le Coran fait mention des voyages de Syrie au Yémen de façon saisonnière (Cor. 106). Le site était périodiquement employé par les arabes semi-nomades pour ses ressources en eau. Les libations d’eau pour célébrer le Rabb du site abreuvant les voyageurs et les circumambulations autours de la pierre noire marquant l’emplacement du puits de Zamzam constituent des rites typiques des peuplades sémites. On y retrouve le Bethel de Jacob, et la fête des Souccot. Le mot Hajj attribué au pèlerinages est dérivé de l’akkadien Hagg, signifiant « fête ».

    Le site ne pouvait qu’être fréquenté depuis des millénaires pour ses ressources en eau, au coeur du désert, mais les maisons fixes en dur n’ont commencé à y être construits que quand le commerce florissant, enrichissant Qoraiche faisant du commerce entre le Yémen et la Mesopotamie.

    D’après Thomas Maria Webber, les idoles de la Mecque ont été importées depuis la Jordanie du temps d’Amr ibn Luhay, l’adoption des dieux de toutes les tribus de la péninsule devait renforcer le statut de la Mecque.

    https://aux-origines-du-coran.blogspot.com/2014/12/historicite-de-muhammad.html?m=1

    Bien a vous.

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    1. Bonjour,
      Le Coran, dans sa sourate 106, ne fait pas mention de « voyages de Syrie au Yémen de façon saisonnière ». C’est l’extrapolation fantasmatique que fait la tradition musulmane à partir de l’expression de « voyages d’hiver et d’été » que l’on trouve littéralement dans le texte (S106,2).

      Le mot de Hajj provient littéralement de l’hébreu et de l’araméen hagg, qui désignent les circumambulations autour du Temple de Jérusalem à l’occasion de grands pélerinages (Soukkhot). Cf. analyses du linguiste Robert Kerr : https://www.academia.edu/7684935/Aramaisms_in_the_Qur_%C4%81n_and_Their_Significance

      Il est physiquement impossible qu’un commerce florissant ait pu se développer depuis le site de La Mecque. Les ressources en eau ne permettent de faire vivre que quelques centaines de personnes tout au plus. La Mecque ne se situe pas sur les itinéraires caravaniers., mais à l’écart, à plus de 1300 de dénivelé. L’itinéraire traditionnel qui passait à Taïf était désaffecté au 7e s. au profit de la route maritime de la Mer Rouge, le long de la côte africaine. Aucune des marchandises décrites dans la tradition musulmane comme objet du commerce caravanier n’aurait pu dégager des marges suffisantes pour financer des expéditions caravanières depuis La Mecque jusqu’en Mésopotamie.

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  6. La Mecque est un point d’eau, ça ce n’est pas fantasmagorique. Les voyages d’été et d’hiver se faisaient par les caravanniers et par ce que la vie économique des Qoraïche dépendait de cela. De par sa proximité à Jeddah, la Mecque était un passage stratégique. Pour traverser le désert d’Arabie avec les aromates provenant du Yémen, et les apporter au Proche-Orient, il fallait abreuver les bêtes et les voyageurs. Encore une fois, croire que la Mecque était un Las Vegas du temps du Prophète est idiot. Il s’agissait d’un peuple semi-nomade, et le site n’était pas une ville avec des constructions urbaines. Les archéologues ont constaté en effet un récession à partir du VeS, la pénurie en aromates en serait la cause. La pauvreté des données archéologisues en Arabie pour cette période serait dûe à cette crise économique. C’est simplement impossible que le site soit ignoré jusqu’au IXeS. La vie dans le désert dépend des ressources en eau.

    Cordialement.

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    1. Bonjour,

      Le climat de cette région était complètement différente de celle d’aujourd’hui. Du temps des pharaons Ramsès, il y avait un optimum climatique avec deux degrés de plus. La mousson remontait beaucoup plus vers le coeur de la Péninsule, ce qui alimentait plusieurs grands fleuves dont un vers la Mésopotamie. De ces fleuves, il ne reste plus que des chapelets d’oasis dont la Mecque.

      Demain, avec le réchauffement climatique, nous serons de nouveau avec les mêmes conditions que sous Abraham et le fleuve Betius réapparaîtra pour reformer l’immense lagune. A cette époque, cette terre n’était pas un désert mais un pays verdoyant. Elle était alors appelée Ta Netjer (pays divin) ou Pount par les égyptiens. C’était juste le pays d’Osiris et de Thot puisque ces dieux n’étaient pas des égyptiens de naissance. En ce lieu, il y avait une puissance maritime qui a su influencé de nombreuses civilisations : Égyptienne,
      Minoenne, Phénicienne…

      Après l’optimum climatique romain, il y a eu un refroidissement qui a provoqué une diminution des pluies et une désertification de la Péninsule. Ce fut une période où cette région s’effondra économiquement. La Kaaba située sur l’Acropole n’était plus possible et fut rapatrier dans un oasis, vestige du fleuve disparu. Et le nec plus ultra, nous avons une fresque de cette vraie Kaaba…

      Ci-dessous mes remarques :
      1- la désertification de la Péninsule arabique :
      https://nantt44.wordpress.com/2018/10/23/chapitre-viii-becius-charmutha-le-changement-climatique/

      2- le pays divin appelé Ta Netjer ou Pount :
      https://nantt44.wordpress.com/2020/04/07/chapitre-xii-betius-charmutha-le-pays-divin-de-charmutha/

      3- la vraie Kaaba de la région située au sud de la baie de Djeddha :
      https://nantt44.wordpress.com/2020/03/18/chapitre-xi-betius-charmutha-lacropole-de-charmutha/

      https://nantt44.wordpress.com/2020/08/10/chapitre-xiii-charmuthas-betius-charmuthas-et-la-civilisation-minoenne/

      Il me reste encore à expliquer pourquoi cette terre était divine pour les égyptiens, ce pays où Osiris y vécu jeune. Djeddha se traduit par Grand-Mère, ce qui n’est pas un hasard historique.

      En conclusion, ce pays fournissait de nombreux produits : aromate, épice, défense d’éléphants, peaux de léopard, … mais tout s’est effondré après le Ier siècle avec la disparition de la mousson. La période fut tellement dure que même Mahomet avait perdu 3 fils à cause de la famine. Il était difficile au VIIème siècle d’imaginer ce que fut cette terre au IIème millénaire avant JC.

      Cordialement. Bertrand

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